Suisse : pertes d'emplois et réductions des coûts aux CFF
12/11/2015

Les Chemins de fer fédéraux (CFF) ont lancé un plan pour répondre à l'augmentation prévue des coûts de l'exploitation de son réseau ferroviaire et de la concurrence croissante des autres modes en réduisant les dépenses de 550 millions de CHF en 2020 et de 1,75 Milliard pour 2030. Pour calculer le potentiel d'épargne, les CFF ont reçu l'aide du cabinet de consultance McKinsey. La société ferroviaire helvétique  est ainsi susceptible de couper 900 des 28.000 emplois actuellement gérés au sein de ses divisions. Dans un communiqué, les CFF ont dit que les mesures étaient « une réponse à la forte à l’augmentation des coûts du système ferroviaire alors que les coûts des autres modes de transport bénéficient d’une diminution marquée ». Il est prévu que le coût global du système ferroviaire suisse augmente fortement jusqu'en 2030, avec pour conséquence que les CFF doivent prendre des mesures pour rester compétitifs.

En septembre dernier, le Conseil fédéral faisait savoir que les CFF devraient – seuls – prendre en charge les coûts marginaux de l'infrastructure ferroviaire en 2016. En effet, l'augmentation du budget de 100 à 130 millions de CHF exigés par les Chemins de fer fédéraux tombe à l'eau. Et rien n’est attendu pour les années à venir.

La raison? Les ressources du Fonds d'infrastructure ferroviaire (FIF) apparaissent plus faibles que prévu et ne seront pas suffisantes. La disponibilité de ces moyens était une condition sine qua non par le DETEC (Ministère des Transports) pour augmenter les subventions publiques des CFF. Autre raison: la chute des coûts des autres modes de transport.


(photo CFF)

Le plan RailFit 20/30 comprend des réductions sur les frais généraux, d'administration et de distribution. Selon Andreas Meyer, la réduction des coûts ne se fera pas au détriment de la satisfaction client, de la sécurité et de la qualité, mais en faisant un meilleur usage des nouvelles technologies et de l'automatisation.  « Une réduction supplémentaire (ndlr d’emplois au-delà de 2020) est susceptible d'être encore nécessaire », déclare le PDG du groupe CFF.

Comme le rapporte International Railway Journal, avec seulement des hausses modérées ou mineures des tarifs, RailFit20/30 se penchera sur la réduction des coûts dans tous les domaines et examinera aussi les services opérationnels et les concepts actuels, y compris l'utilisation accrue de la flotte de trains des CFF. Cela rappelle le concept Ouigo de la SNCF, dont les rames TGV sont utilisées le double du temps normal. Cela peut requérir une profonde mutation de la maintenance du matériel roulant, et donc des ateliers.

Ce plan, plutôt inédit en Suisse, démontre toute l'importance de l'infrastructure ferroviaire et surtout de sa maîtrise des coûts. Ce phénomène est général en Europe alors que certains commentateurs relataient que la libéralisation du rail avait entraîné une hausse des subsides publics. En réalité, ce n'est pas la libéralisation qui a mis les coûts à la hausse, mais l’investissement minimal dans l'infrastructure, qui requiert maintenant une urgente réhabilitation. Et il n’y a pas qu’en Suisse que sonne l’alarme. Le phénomène est devenu grave en France et est pris très au sérieux en Allemagne. En Belgique, le patron de la SNCB, le transporteur, va même à contresens et ne veut plus que l'Etat donne des milliards au gestionnaire du réseau (Infrabel). Il juge que le gestionnaire de réseau doit faire, seul, les économies imposées par le gouvernement belge.

Il est intéressant de constater que le meilleur modèle de chemin de fer au monde est lui aussi confronté aux mêmes causes et aux mêmes conséquences. Les subventions publiques ont une limite politique et logique. Cela démontre la réalité du chemin de fer: une technologie fantastique, mais pas vraiment bon marché ...