Une étude sur l'état du transport de fret ferroviaire en Europe
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18/02/2016

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Dans une étude récente  et intitulée « Le marché du fret ferroviaire européen », SCI Verkehr, un bureau bien connu en Allemagne,  analyse la situation du fret ferroviaire européen ainsi que ses perspectives à moyen terme. Ratios financiers insatisfaisants, forte volatilité et instabilité ainsi que les exigences fortes des clients, combinés à la concurrence féroce des camions modernes plus respectueux de l'environnement, tout cela a mis le secteur sous pression. En dépit d'une reprise modérée de la performance des transports ces deux dernières années, le fret ferroviaire ne peut pas rivaliser avec le rythme de la croissance de la route – en continuant de perdre des parts de marché. Alors que la concurrence routière se renforce avec la motorisation sous la norme Euro 6 et d’autres innovations à venir, la majorité des entreprises de fret ferroviaire se comporte de manière hésitante dans l'optimisation de leurs processus d’exploitation et avec l'introduction de nouvelles technologies, dans le but d’accroître leur productivité. SCI Verkehr recommande un examen rigoureux des processus logistiques et de l’établissement de normes numériques appropriées pour l'amélioration de la rentabilité.

La performance de transport ferroviaire a légèrement repris grâce à un redressage économique léger : la plupart des pays, à l'exception de la Belgique et des pays baltes et scandinaves, montrent des taux de croissance modérés. Le volume du marché dans le transport ferroviaire de marchandises a augmenté de 3% par rapport à 2012 et le chiffre d’affaire se situe actuellement à environ 17,5 milliards d'euros, mais la part modale du rail a encore diminué. Le succès de la Suisse et de l'Autriche, pour être en mesure de transférer significativement du fret de la route au rail, sont resté des cas isolés par comparaison au reste de l’Europe. SCI Verkehr prévoit une croissance moyenne du fret ferroviaire d'environ 1% par an d'ici 2019. Elle ne sera cependant pas linéaire: les indicateurs actuels prévoient déjà une année 2016 difficile.

Les résultats économiques de nombreuses entreprises ferroviaires demeurent encore insatisfaisants. La majorité d’entre elles ont reconnu la nécessité de se restructurer et de se consolider, certaines ayant déjà entamé la première étape. Toutefois, les actionnaires publics en particulier, manquent souvent de volonté pour mettre en œuvre les étapes cruciales de réformes et d’investissements nécessaires. La voie vers des résultats positifs semble être une tâche fastidieuse, déplore l’étude. S’il y a des avancées significatives chez Fret SNCF, Trenitalia Cargo et SNCB Logistics, seuls les CFF Cargo et CD Cargo (Tchéquie) peuvent réellement apporter des résultats positifs.

En matière de consolidation, de nombreuses fusions et acquisitions ont déjà eu lieu tandis que d'autres sont envisagées. Un intérêt croissant pour le ferroviaire a été observé de la part d’acteurs mondiaux de la logistique, de compagnies maritimes et de sociétés de private equity: l'opérateur portugais CP Carga a ainsi été repris par MSC Rail, certains pans des entreprises LTE et Crossrail ont été repris par le groupe Rhenus, tandis que des sociétés de private equity sont impliquées dans SNCB Logistics, Hector Rail, Freightliner et CTL Logistics. En Pologne, PKP Cargo a considérablement renforcé sa position sur le marché de l'Est de l’Europe grâce à son introduction en bourse et à de nombreuses acquisitions. Ces opérations sont destinées à la réalisation des investissements nécessaires dans les structures et les actifs de ces sociétés. Certaines d'entre elles aident leur client à mieux intégrer le transport ferroviaire dans leurs chaînes logistiques.

En bref, une étude qui démontre la fragilité du secteur, mais qui présente aussi des solutions déjà éprouvées et qui tournent le dos à la gestion ferroviaire du passé. Mais le rail ne pourra faire l’impasse de l’innovation s’il veut garder ce qui lui reste de parts modales.

L'étude est payante à ce lien


La société Transfesa et son Euro 4000 en tête du 98630 Bilbao-La Negrilla (Photo Alvaro Arrans via flickr CC BY-SA 2.0)